J’ai mis longtemps à comprendre que pour être un bon manager, ce n’est pas la technique qui importe le plus. Ce n’est pas non plus la taille de son bureau, ou le fait de garder la porte ouverte qui fait la différence. Enfin, ce n’est pas d’être craint par son équipe. Non, rien de tout ça. Ce qui fait que vous êtes un leader efficace, qui sait mobiliser son équipe, c’est votre capacité à rester vous-même, fidèle à vos valeurs, vos idées, vos croyances, tout ce qui constitue votre personnalité. Et surtout, il est nécessaire de dépasser la peur de se montrer tel qu’on est à son équipe, en partageant ce qui est important pour vous.
Certains s’accordent à dire qu’on ne nait pas manager, on le devient. C’est vrai. Mais à mon avis, tout le monde ne parviendra pas à être un responsable d’équipe performant, car beaucoup reste dans le « costume » de leur fonction : comme pour chaque métier, ce job nécessite d’avoir une posture, des actions, des comportements conformes à la mission.
Quand j’ai débuté en tant que responsable d’équipe, j’avais souvent des doutes sur ma légitimité. Je voulais maitriser les techniques de management et les appliquer au mieux pour être acceptée par mon équipe et reconnue par ma hiérarchie. Mais j’ai passé beaucoup de temps et d’énergie à me conformer à ce que je pensais devoir faire en tant que manager.
Je n’ai été réellement un bon manager qu’à partir du moment où j’ai encadré mon équipe avec mes « tripes », avec ce que j’étais au fond de moi, avec mes défauts, mes faiblesses et mes qualités.
A titre d’exemple, le premier entretien individuel d’évaluation que j’ai mené a été plutôt médiocre (pour ne pas dire assez nul..). J’avais passé près de 4 heures à préparer chaque entretien de mes collaborateurs. Et le jour J, j’ai écouté chaque personne, j’ai évalué leurs résultats, j’ai donné mon bilan, mais je n’ai pas su leur dire avec authenticité, ce que j’avais décelé comme axe de progression chez eux. J’avais tout simplement eu peur d’être rejetée et de braquer les gens en leur disant ce que j’attendais d’eux. J’avais jouer un rôle. Si j’avais compris ce qui m’avait bloqué, j’aurai pu anticiper mieux ma crainte et la transformer en force. J’ai longtemps mis cela sur le compte de ma sensibilité en me disant que j’avais été faible. Mais j’ai compris ensuite que cette fameuse sensibilité que je trouvais négative chez un manager, était en réalité l’un de mes plus beaux atouts. En effet, elle me permet de faire preuve d’empathie, de sentir lorsqu’un de mes collaborateurs rencontre une difficulté, ou ne va pas bien. Je peux ainsi l’amener à se livrer et l’aider à trouver des solutions.
Si j’ai réussi à emmener des équipes de près de 30 personnes avec moi, à les faire progresser dans leurs compétences et l’atteinte de leurs objectifs, c’est parce que j’ai accepté qui j’étais, et j’ai pris soin de ne pas seulement FAIRE ce qui était attendu en tant que manager, mais surtout d’ETRE moi-même au service de ce job.
Il ne faut pas prendre les gens pour des naïfs : si vous jouez un rôle et n’êtes pas vous même, votre équipe le sent, et ne vous fera pas complètement confiance. Vous ne pourrez pas les amener à performer s’ils se méfient de vous. Les messages que vous leur donnerez ne pourront être crédibles que si vous êtes naturels et authentiques. Si vous avez des craintes, vous pouvez le leur dire, à condition bien sûr, d’avoir préparé votre message pour le positiver.
Ce n’est pas toujours facile de s’accepter tel qu’on est et de capitaliser sur ses points faibles. C’est pourtant en étant honnête que vous donnez envie aux gens de vous suivre. Ne perdez pas de vue que vous avez également un tas de qualités qui font de vous un manager. Ne cherchez pas à masquer le reste : prenez conscience avec sincérité de vos points forts et de vos limites, et trouver le moyens d’en faire une force. A chaque défaut, il existe un revers qui permet d’en faire un atout. A vous de jouer !